samedi 22 octobre 2011

Sarah : sXe indépendantiste

Sarah aura eu une durée de vie relativement courte (à la fin des années 90), mais cela ne l'empêche pas de tenir une place très particulière (et importante) dans la scène bretonne.



Originaire de Rennes, le groupe est influencé dans un premier temps par toute la scène hardcore américaine et en particulier la mouvance straight edge dont il se revendique. Mais Sarah ne se contente pas d'être un énième groupe sXe ne faisant que dire que la drogue c'est pas bien et le pinard non plus. Pour les membres du groupes, le straight edge est le début d'une réflexion politique plus globale et n'est en fait qu'un point parmi d'autres de leur engagement. Engagement politique et social qui passe en particulier par la défense de la langue bretonne et la défense de positions indépendantistes. L'un de leur tshirt proclame d'ailleurs : "Bretagne libre et sans alcool" ! Le groupe organisera même des concerts où aucun alcool n'est en vente au bar - il fallait le faire ! Sarah édite aussi un fanzine nommé An Eeunded, "Organe complètement officiel du groupe Sarah" où figurent tout aussi bien des articles sur la culture bretonne que des interviews d'autres groupes.

Le groupe sort deux démos (sauf erreur de ma part) et s'éloigne petit à petit de ce qui se fait dans le genre. Pour Sarah, la scène hardcore internationale est trop américanisée (c'est vrai) et ne cherche qu'à copier ce qui se fait chez l'Oncle Sam (c'est pas faux). Bref, pour les Rennais, il y a là un un problème de taille, surtout lorsque l'on milite pour les cultures minoritaires. Le groupe finit donc par sortir en 1999 un mini CD 4 titres, nommé Ez Eterninmens. Et là, le moins que l'on puisse dire, c'est que l'on n'est clairement plus dans l'ambiance youth crew à la ricaine ! Au croisement de l'expérimental et d'un hardcore à la Integrity (mais la touche expérimentale prédomine tout de même), les différents morceaux sont difficiles d'accès et loin de faire l'unanimité. En particulier dans une scène hardcore dont les seuls référents viennent de New York. Une nouvelle fois, le groupe affirme clairement ces positions en écrivant notamment que Sarah soutient exclusivement Emgann (parti indépendantiste breton - aujourd'hui défunt) et l'ARB (l'Armée Révolutionnaire Bretonne, auteur de tout plein de feux d'artifices aux quatre coins de la Bretagne et quelques uns en France aussi). Ce qui ne va pas tarder à attirer des problèmes pour le groupe, ou tout du moins pour l'un de ses membres en particulier. Suite à l'attentat de Quévert, où une serveuse de McDo trouve la mort, la police opère de sévères rafles dans tous les milieux bretons/bretonnants. Ce qui va de grand-pères/grand-mères ayant largement passé l'âge de faire mumuse avec des bombes à de jeunes parents en passant par à peu près tout ceux qui, de près ou de loin, s'intéressent à la question bretonne. C'est ainsi que Sarah tombe sous le radar des RG (qui connaissait en fait sûrement le groupe depuis un moment). Les activités politiques de certains, notamment au sein d'Emgann, doublé de la dédicace à l'ARB sur leur CD, suffit pour rendre le groupe suspect et ses membres coupables avant d'avoir été jugés. Jérôme Bouthier se retrouvera devant les tribunaux, ainsi que plusieurs autres militants, sous diverses chef d'accusation quant à sa participation à l'attentat de Quévert et d'autres. Jérôme aura de la chance (?!), il sera relâché vu qu'aucune preuve n'aura pu être trouvé contre lui. Ce ne sera, hélas, pas le cas d'autres militants qui, malgré, là aussi, l'absence totale de preuves passeront entre 4 et 5 ans derrière les barreaux... en préventive !

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